Je n’ai pas inventé ce nom, c’est littéralement le surnom de cette route que nous avons suivi pendant 8 heures d’affilées : la Route 50. Ce surnom lui va comme un gant. Durant 648 kilomètres, il n’y a que vous, le sol plat, des buissons, des poutres électriques, et l’horizon avec ses collines et ses montagnes. On a passé le temps à s’imaginer nous-mêmes avec un chariot bâché au lieu d’en voiture, regardant à travers les yeux des premiers pionniers qui avaient décidé de rejoindre la terre promise de Californie, du temps de la ruée vers l’or autour de 1849. Du temps où il n’y avait pas de route. A chaque fois que nous franchissions un point haut du paysage, nous espérions découvrir un chemin moins hostile pour notre fragile chariot, mais à chaque fois nous ne trouvions que de plus en plus amples paysages à perte de vue, de plus en plus d’obstacles, presque pas d’ombre, pas de végétation ou d’animal hospitalier, rien pour nourrir nos espoirs. En ce temps-là, ce voyage était difficile. Vraiment difficile.
Quand une ville apparut à l’horizon, on espérait quelque chose de sympa. Au lieu de quoi, nous avons trouvé la bourgade de Austin, à moitié fantôme, pleine de vieilles bâtisses. Austin représentait le premier tiers de notre route. Dans les années 1800 et quelques, la ville avait attiré plus de 10,000 personnes venues miner un filon d’argent. Aujourd’hui il n’y a plus qu’environ 190 personnes. La gloire est passée.
Aux deux tiers de notre route, nous avons trouvé Eureka. Une autre ville créée par les mineurs d’Austin quand ils ont découvert qu’ils pouvaient miner plus d’argent là-bas. La gloire était passée ici aussi, cependant la ville abritait un gros supermarché, et plus de 600 habitants. Cela dit, impossible pour nous de deviner où tout ce petit monde se cachait !
Finalement, à 648 kilomètres de notre point de départ, nous avons aperçu une gigantesque mine à ciel ouvert, de la taille d’une ou deux montagnes. C’était des mines de cuivre, qui annonçaient notre destination finale du jour : Ely (prononcé « ili »). Il semble que la ville regorge de casinos. En fait, c’est même dans un de ces casinos que nous allons passer la nuit.